Des solutions en agrivoltaïsme pour la viticulture

Comment protéger la viticulture face aux sécheresses, à la grêle ou aux vendanges précoces ? Peut-on allier production de vin et d’énergie sur une même parcelle ? Face aux bouleversements climatiques, de nombreux domaines viticoles explorent l’agrivoltaïsme. Ce mariage innovant entre exploitation solaire et culture de la vigne ouvre une nouvelle voie pour les vignerons, entre adaptation, rentabilité et durabilité. Une révolution en marche dans les vignobles français, de la cave coopérative aux grands crus.

 

paysage d'un vignoble

Pourquoi l’agrivoltaïsme séduit de plus en plus la viticulture aujourd’hui

 

Les défis climatiques majeurs pour les viticulteurs français

Le changement climatique bouleverse la filière viticole et fragilise de nombreux territoires viticoles historiques. Dans de nombreux vignobles, notamment en Bourgogne, Languedoc, Roussillon ou Val de Loire, la température moyenne a augmenté de 1,4 °C depuis 1995 (source : Météo France). Cette hausse affecte la culture de la vigne, la vinification, la qualité des crus et la date des vendanges.

Les épisodes extrêmes – gel printanier, grêle, sécheresse – fragilisent les cépages, perturbent la maturation du raisin, et remettent en question la régularité des rendements, même en AOC ou IGP. Le stress hydrique devient une contrainte majeure pour les vignerons et vigneronnes, qu’ils travaillent en cave particulière, coopérative viticole ou domaine familial.

Les exploitants doivent adapter leur travail du vigneron, du chai à la parcelle, face à cette instabilité climatique.

 

L’énergie solaire : une réponse technique et économique

L’installation de centrales solaires dans les parcelles de vigne permet de protéger le vignoble.

Les centrales solaires – équipées de trackers solaires – filtrent les excès de rayonnement, réduisent l’évaporation et abaissent la température de l’air de 2 à 4 °C en été (données INRAE). Cette technologie favorise une meilleure résilience agronomique des vignes, particulièrement sur les coteaux exposés.

 

 

panier avec différents types de raisins

Quelles solutions agrivoltaïques adaptées pour les exploitations viticoles ?

Les systèmes fixes en rangées : un ombrage constant et maîtrisé

Ces structures, placées au-dessus des hectares de vignes, assurent un ombrage partiel tout en laissant circuler l’air et la lumière. L’orientation des modules solaires (souvent est-ouest) est pensée pour permettre de préserver la photosynthèse et la santé des grappes, tout en maintenant la traçabilité et la qualité des crus.

Installées à 4–5 m de hauteur, elles facilitent le passage des tracteurs, machines à vendanger et outils phytosanitaires. Dans certaines appellations comme le Bordelais ou le Beaujolais, elles contribuent déjà à préserver les cépages face aux canicules et à réduire l’usage d’irrigation.

 

Les trackers solaires intelligents : une technologie au service de la vigne

Ces systèmes dynamiques suivent la course du soleil pour optimiser la captation d’énergie photovoltaïque. En s’adaptant aux stades végétatifs de la vigne (floraison, véraison, maturation), ils modulent l’ombrage en temps réel.

Le projet Sun’Agri, testé dans des vignobles du Sud-Ouest et du Languedoc-Roussillon, a démontré une réduction du stress hydrique de 30 % et une baisse de température du sol de 2 °C.

Les vignerons peuvent ainsi protéger leur production viticole.

 

Les ombrières mobiles et ajustables : une protection dynamique pour la vigne

Ces structures solaires innovantes s’ajustent en fonction du climat, du millésime et des pratiques viticoles. Elles sont pilotées mécaniquement ou automatiquement pour s’ouvrir, se fermer ou pivoter selon les besoins de la parcelle de vigne.

Dans le vignoble de l’Occitanie, certains domaines ont réduit leur consommation d’eau de 25 % tout en maintenant la qualité des vins blancs, rouges ou crémants. Ces systèmes s’intègrent dans une logique de production durable, de vin bio ou de viticulture raisonnée. Autant d’atouts pour les jeunes viticulteurs qui souhaitent inscrire leur activité viticole dans une logique agroécologique.

 

vignoble entouré d'herbe sèche

Quels bénéfices l’agrivoltaïsme apporte-t-il à la viticulture ?

Protection climatique efficace et régulation thermique optimale

Les structures agrivoltaïques créent une barrière contre les aléas : grêle, coups de chaud, rayonnement excessif, voire gelées tardives. Elles limitent les écarts thermiques et l’intensité lumineuse.

Résultat : une meilleure régulation de l’humidité, des grappes plus homogènes, moins de flétrissement des baies, un moindre recours aux produits phytosanitaires, et un équilibre sucre-acidité plus stable – essentiel pour la production de vins d’appellation y compris les appellations d’origine contrôlée (AOC) et les indications géographiques protégées (IGP).

Les viticulteurs qui utilisent cette technologie dans leurs parcelles de vigne (jusqu’à plusieurs hectares) observent une meilleure résilience du terroir.

 

Maîtrise de la qualité et des rendements

En régulant l’exposition lumineuse, l’agrivoltaïsme permet d’optimiser la photosynthèse, limiter le mildiou, et préserver les arômes. Cela favorise la qualité des cuvées, qu’il s’agisse de vins de France, d’AOP ou de grands crus.

 

agriculteurs cueillant des raisins

Ce qu’il faut savoir avant d’installer une centrale solaire sur une vigne

Contraintes techniques et réglementaires

Un projet agrivoltaïque en viticulture implique plusieurs précautions :

  • Hauteur des structures (4–5 m),
  • Inclinaison des modules,
  • Résistance au vent,
  • Compatibilité avec les outils viticoles (enjambeur, tracteur, pulvérisateur) et les pratiques vitivinicoles spécifiques à chaque exploitation.

Il faut aussi respecter les règles d’urbanisme (déclaration préalable ou permis de construire), consulter la DDTM, l’INAO et, selon le cas, réaliser une étude d’impact.

Depuis mars 2023, les projets doivent démontrer que la production de vin et la culture de la vigne ne sont pas diminuées.

 

Adapter le projet à son exploitation viticole

Chaque exploitation agricole viticole est unique : climat, cépage (pinot noir, chardonnay, cabernet sauvignon, grenache…), terroir, superficie, pratiques culturales (enherbement, biodynamie, biologique…) et contraintes liées à la cave coopérative ou la commercialisation des vins.

Un diagnostic agronomique et énergétique est essentiel pour dimensionner correctement la centrale solaire : puissance crête, surface à couvrir.

De nombreux viticulteurs, notamment dans la vallée du Rhône, en Charentes ou dans le Médoc, s’engagent dans cette démarche pour moderniser leur activité viticole.

 

paysage d'un vignoble

 

Loin d’être une simple tendance, l’agrivoltaïsme redéfinit les codes de la viticulture moderne. C’est une réponse concrète aux défis du climat et de la rentabilité. Et si demain, produire du vin et de l’énergie devenait un même geste agricole ? La question n’est plus si, mais comment faire pousser les grappes à l’ombre de l’innovation.