Peut-on récolter du foin sous les structures agrivoltaiques ? Comment concilier production fourragère et innovation agricole ? Cultiver l’herbe dans l’ombre partielle de ces installations soulève de nombreux défis. Découvrez les techniques astucieuses et conseils pratiques pour réussir cette double exploitation. Entre ombrage et croissance, explorons ensemble comment optimiser la production de fourrage sous ces systèmes innovants. Prêt à repenser vos pratiques agricoles et booster vos récoltes ? Plongez dans ce guide dynamique!
Comprendre l’intérêt de produire du foin en agrivoltaïsme
Pourquoi associer foin et agrivoltaïsme ?
Associer foin et agrivoltaïsme offre une réponse concrète aux défis économiques et climatiques des élevages herbagers. Les structures solaires apportent une ombre partielle bénéfique, notamment en période de canicule, tout en permettant une double valorisation de la parcelle. Cette pratique permet de maintenir une activité agricole productive. Elle s’intègre parfaitement dans une stratégie de résilience face aux sécheresses et à l’irrégularité des rendements fourragers. De plus en plus d’éleveurs voient dans cette alliance un moyen de sécuriser leurs stocks hivernaux de foin, sans sacrifier de surface agricole utile.
Les objectifs agronomiques et économiques pour les éleveurs
Produire du foin sous structures permet de :
- Préserver l’autonomie fourragère d’un élevage, même en zone soumise au stress hydrique
- Optimiser l’usage des terres agricoles, en y intégrant une centrale solaire
- Réduire les charges liées à l’achat de foin extérieur
- Maintenir une activité éligible à la PAC et au statut d’agriculteur actif
Selon les premiers retours d’expérimentation, les prairies sous panneaux bien gérées peuvent conserver 80 à 90 % de leur potentiel de production.
La baisse de rendement, quand elle existe, est souvent compensée par une meilleure qualité nutritionnelle du foin, liée à un développement plus lent mais plus régulier des graminées.
Ce que disent les premières études de terrain
À Tresserre (66), une étude pilote a permis de récolter plus de 5 t de foin/ha/an sous structures solaires, malgré une ombre partielle. Les éleveurs notent une repousse plus régulière, même en période sèche.
En comparaison, les prairies classiques du département produisent en moyenne 4 à 5 t/ha/an, parfois moins de 4 t les années très sèches, surtout sans irrigation.
Résultat : les rendements sous agrivoltaïsme sont équivalents, voire plus stables, avec un meilleur étalement de la pousse et une réduction de l’évapotranspiration estimée à 30 %.
Conditions de réussite pour produire du foin sous panneaux
Luminosité, hauteur et espacement des structures
Pour réussir la production de foin sous structures agrivoltaïques, il est essentiel de garantir une luminosité suffisante au sol. Un déficit de lumière peut ralentir la pousse des graminées fourragères et nuire à la qualité de la fructification.
Les structures doivent être :
- Assez hautes : au minimum 2,5 à 3 mètres sous panneau pour permettre le passage du matériel de fenaison
- Bien espacées : un inter-rang d’au moins 5 à 6 mètres permet de limiter l’ombrage permanent
- Installées en pleine terre, sur un sol bien drainé, pour favoriser l’enracinement des plantes
Une bonne configuration assure un ensoleillement partiel adapté, notamment en conditions estivales, tout en facilitant les manœuvres de fauche et d’enrubannage.
Orientation et type de trackers solaires
L’orientation des panneaux a un impact direct sur la croissance du couvert végétal. Les trackers verticaux bifaciaux sont souvent privilégiés, car :
- Ils laissent passer davantage de lumière diffuse
- Leur ombre tourne dans la journée, évitant un ombrage permanent
- Ils facilitent une ventilation naturelle favorable à la pousse du fourrage
En comparaison, les structures fixes orientées sud produisent une ombre constante plus marquée, ce qui peut réduire le calibre des tiges et la densité du foin récolté.
Une orientation est-ouest combinée à des trackers mobiles permet d’optimiser l’exposition et de réduire les écarts de rendement entre les bandes ombrées et ensoleillées.
Choix des variétés de graminées fourragères adaptées
Le choix des variétés fourragères est un levier majeur pour produire un foin de qualité sous panneaux. Optez pour des espèces :
- Tolérantes à l’ombre partielle : fétuque élevée, dactyle, brome
- Rustiques face au stress hydrique
- À fort pouvoir de repousse, même après les premières gelées
Il est aussi conseillé de diversifier les espèces avec des légumineuses (trèfle, luzerne) pour enrichir le sol en azote et améliorer la valeur protéique du foin. Certaines variétés sont également plus adaptées aux cycles tardifs, permettant une récolte plus étalée et mieux synchronisée avec le fonctionnement des structures solaires.
Gestion de la concurrence hydrique et de la fertilité
L’eau et les éléments nutritifs sont des ressources critiques à équilibrer sous structures. Voici les bonnes pratiques :
- Maintenir une haie périphérique ou des cultures associées pour limiter le vent et la déshydratation
- Utiliser un paillage organique, comme du fumier composté, pour conserver l’humidité
- Adapter les apports en engrais azoté et potassique, selon les besoins du sol
- Favoriser un bon humus, grâce à des couverts végétaux entre deux cycles
Dans les zones sensibles, un arrosage complémentaire en goutte-à-goutte peut être envisagé au moment critique de la montaison. Une bonne gestion hydrique et une fertilisation raisonnée améliorent la qualité gustative du foin et limitent les pertes de rendement.
Techniques culturales adaptées à l’environnement agrivoltaïque
Préparation du sol et implantation de la prairie
L’implantation d’une prairie sous structures agrivoltaïques demande une préparation soignée du sol, sans excès de tassement.
Avant semis :
- Réalisez un décompactage profond si le sol est lourd ou piétiné
- Privilégiez un semis sur sol réchauffé, à l’automne ou au printemps
- Préférez un semis à la volée ou en ligne, selon l’équipement disponible
Il est recommandé d’introduire un mélange multi-espèces, combinant graminées et légumineuses, pour diversifier les systèmes racinaires et mieux exploiter les ressources du sol. Un roulage post-semis assure un bon contact graine-sol, essentiel pour une levée homogène, surtout dans les zones partiellement ombrées.
Entretien, fertilisation et rotations recommandées
Une prairie productive sous panneaux demande un entretien régulier et raisonné, adapté aux contraintes de l’ombre partielle. Les bonnes pratiques incluent :
- Un broyage ou une tonte légère si la pousse est trop hétérogène
- Une fertilisation azotée modérée, à ajuster selon l’analyse du sol
- L’apport de compost ou lisier dilué pour stimuler la vie biologique
- La lutte mécanique contre les adventices, à privilégier plutôt que les herbicides
Pour éviter l’appauvrissement du sol, alternez les prairies avec :
- Des légumineuses pluriannuelles (ex : luzerne)
- Des couverts végétaux pendant l’hiver
- Des espèces dérobées (type trèfle incarnat) après la première coupe
Ces rotations apportent azote, couverture et résilience au système fourrager.
Fenaison : quand et comment faucher sous les structures ?
La réussite de la fenaison sous les centrales solaires dépend du bon timing et d’un matériel adapté. Idéalement, la coupe a lieu entre fin mai et début juin, selon la météo et la maturité des plantes. Une deuxième coupe peut suivre en été, selon la repousse et les besoins.
Conseils pratiques :
- Utilisez des faucheuses à disques frontales pour un passage facile entre les structures
- Travaillez en ligne parallèle aux rangs pour éviter les manœuvres complexes
- Réglez la hauteur de coupe à 6-7 cm pour favoriser la repousse
- Passez l’andaineur à faible débit d’air pour éviter de perdre des feuilles
En cas de séchage lent dû à l’ombre, prévoyez une phase d’enrubannage pour éviter la perte de qualité.
Stockage et conservation du foin produit
La qualité du foin agrivoltaïque dépend aussi de sa conservation après récolte. Points clés à respecter :
- Stockez sous abri bien ventilé pour éviter les moisissures
- Évitez les zones trop humides ou mal aérées
- Si conditionné en balles rondes, privilégiez le film plastique blanc qui limite la montée en température
- Contrôlez régulièrement l’humidité résiduelle pour éviter la fermentation
Pour gagner en autonomie, certains agriculteurs investissent dans un hangar solaire mutualisé, permettant le stockage.
Intérêts agronomiques, économiques et environnementaux du foin sous structures
Maintien d’un couvert végétal durable et résilient
Produire du foin sous structures permet de maintenir un couvert végétal permanent, bénéfique pour le sol et les cultures environnantes.
Les prairies fourragères :
- Protègent le sol de l’érosion, même sous les pluies intenses
- Limite l’apparition d’adventices grâce à la couverture continue
- Favorisent l’activité biologique, en particulier les vers de terre
- Stockent du carbone dans les horizons superficiels
Grâce à l’ombrage partiel des centrales solaires, le stress hydrique est réduit en période chaude, ce qui prolonge la durée de vie de la prairie.
Autonomie fourragère et baisse des coûts d’alimentation
Faire du foin sous panneaux permet de renforcer l’autonomie alimentaire de l’exploitation.
Résultats observés :
- Jusqu’à 30 % d’économie sur les achats de foin selon la Chambre d’Agriculture de la Drôme
- Une baisse des charges liées au transport et au stockage externe
- Moins de dépendance aux marchés volatils du fourrage
En élevage herbivore, cette stratégie contribue directement à la résilience économique de l’exploitation face aux aléas.
Valorisation des externalités écologiques
Au-delà de la production, le foin agrivoltaïque participe à la transition agroécologique.
Ses bénéfices incluent :
- Une réduction des émissions de GES liées aux achats de fourrage
- Un soutien à la biodiversité floristique et faunistique (insectes pollinisateurs, microfaune)
- Une meilleure infiltration de l’eau, limitant le ruissellement
Plusieurs études, comme celle de l’ADEME (2023), confirment que les prairies semi-naturelles sous structures peuvent héberger une faune plus diversifiée que les cultures annuelles en plein soleil.
Quels équipements pour optimiser la fenaison sous structures ?
Matériel agricole compatible avec les installations
Les structures agrivoltaïques imposent des contraintes de gabarit et de manœuvrabilité. Il est donc crucial d’adapter le parc matériel. Voici les équipements les plus couramment utilisés :
- Faucheuses frontales ou latérales à faible hauteur
- Andaineurs compacts à bras articulés
- Presse à foin basse ou moyenne densité pour les zones étroites
- Tracteurs de faible hauteur ou microtracteurs (< 2,50 m)
Plusieurs agriculteurs témoignent de modifications simples (rabaissement de cabine, réduction des largeurs) pour continuer à travailler efficacement entre les rangées de supports.
Techniques d’automatisation et d’adaptation des itinéraires techniques
Dans un environnement partiellement ombragé, l’optimisation de l’itinéraire cultural devient stratégique. Les solutions d’automatisation recommandées :
- Capteurs d’humidité pour piloter la coupe au bon moment
- Stations météo connectées pour anticiper la fenaison
- Systèmes GPS RTK pour guider les outils avec précision sous les structures
Certains exploitants investissent dans des outils robotisés, comme des faucheuses autonomes, pour les parcelles les plus complexes.
Gestion du pâturage tournant complémentaire à la fauche
Associer pâturage tournant et fenaison augmente la valorisation du couvert.
Avantages principaux :
- Réduction des coûts de mécanisation
- Amélioration de la fertilité via les déjections animales
- Allongement de la période d’utilisation des prairies
Il est recommandé d’utiliser :
- Des clôtures mobiles sous structure
- Un accès à l’eau sécurisé pour chaque lot
- Un calendrier précis d’alternance entre pâturage et coupe
En moyenne, cette approche permet de récolter un à deux cycles de foin, puis de pâturer en fin d’été ou à l’automne.
Avantages et limites de cette pratique mixte
Effets microclimatiques : stress hydrique réduit, croissance plus stable
Les structures créent un microclimat bénéfique. Elles protègent le couvert des expositions directes au soleil et des premières gelées. Cette ombre partielle réduit l’évaporation, ce qui diminue le stress hydrique en période sèche. La croissance des graminées est ainsi plus régulière et la qualité du foin s’améliore, avec une meilleure teneur en humidité et nutriments.
Contraintes techniques : accès, manœuvres, hauteur de coupe
Toutefois, la présence des structures impose des contraintes pratiques :
- L’accès restreint complique les manœuvres agricoles
- La hauteur limitée oblige à adapter la hauteur de coupe et les outils
- La circulation entre les rangées nécessite du matériel spécifique et une organisation rigoureuse
Ces contraintes peuvent freiner certains agriculteurs, mais restent gérables avec les bonnes techniques.
Retours d’expérience d’éleveurs pionniers
Des éleveurs français engagés dans l’agrivoltaïsme partagent leurs expériences positives :
- Production de foin régulière malgré l’ombre partielle
- Réduction des besoins en irrigation grâce à l’effet d’ombre
- Adaptation des machines agricoles pour faciliter le travail sous les structures
- Meilleure résistance des prairies face aux épisodes de sécheresse
Recommandations pratiques avant de se lancer
Comment planter et entretenir une prairie adaptée ?
Pour réussir votre production de foin sous structures, la préparation du sol est essentielle. Choisissez un terreau bien drainé, enrichi avec du compost ou du fumier pour favoriser un enracinement vigoureux. Plantez des graminées et légumineuses adaptées à l’ombre partielle et à la sécheresse. Un paillage léger peut protéger les jeunes pousses. L’entretien régulier, avec un désherbage manuel ou mécanique pour éviter la concurrence des mauvaises herbes, est crucial.
Choisir la bonne période et les variétés rustiques
Planter à la bonne saison augmente les chances de réussite. Privilégiez les semis au début du printemps ou en fin d’été pour permettre aux racines de s’installer avant l’hiver. Optez pour des variétés rustiques, capables de résister aux gelées et aux variations d’ensoleillement. Parmi elles, des graminées comme le ray-grass anglais ou la fétuque élevée sont recommandées.
Tenir compte des premières gelées et de la fenaison tardive
Les premières gelées peuvent endommager la prairie.
Sous les panneaux, la température est légèrement modulée, ce qui peut retarder la fenaison.
Adaptez votre calendrier de coupe en fonction de cette réalité.
La fenaison tardive est possible grâce à la protection offerte, mais il faut être vigilant pour garantir la qualité du foin.
Collaborer avec les développeurs de centrales solaires
Avant d’implanter une prairie, échangez avec les responsables des structures agrivoltaïques. Une bonne coordination facilite la planification des travaux agricoles et énergétiques. Cela permet aussi d’adapter les installations aux contraintes de la fenaison et de l’entretien des prairies. Une collaboration étroite optimise les performances agricoles et énergétiques.
Peut-on faire du foin sous les structures agrivoltaiques ? Cette question invite à repenser l’utilisation des terres agricoles. Trouver l’équilibre entre ombre et lumière, entre cultures et innovation, c’est ouvrir la voie à de nouvelles pratiques agricoles. Et si le foin sous les structures agrivoltaiques devenait un levier pour diversifier et sécuriser nos récoltes ? L’avenir de l’agriculture pourrait bien se jouer là, entre innovation et respect des sols.