Vers un élevage porcin durable grâce à l’innovation et la responsabilité sociétale

Le porc à l’extérieur : une nouvelle ère pour l'élevage porcin

La filière porcine française est à un moment décisif. Aujourd’hui, 97 % des élevages se font en bâtiment, une pratique qui permet de mieux gérer les risques sanitaires, comme la propagation de la fièvre porcine africaine, tout en optimisant la production. Cependant, ce modèle est de plus en plus remis en question par une société qui exige un meilleur respect du bien-être animal. Le plan de transition vers des élevages extérieurs vise à répondre à cette demande, mais il soulève des défis importants.

Une filière responsable déjà engagée

La filière porcine française nourrit la population avec des produits de qualité, tout en émettant seulement 0,7 % des émissions nationales de CO₂ équivalent. En plus d’être une source majeure de protéines (le porc est la viande la plus consommée en France), le secteur participe à la production d’énergies renouvelables et valorise les coproduits, comme les effluents d’élevage utilisés pour fertiliser les terres agricoles. En 2021, cela a permis d’éviter l’émission de 7,8 millions de tonnes de CO₂, en remplacement des engrais chimiques.
La filière représente également une force économique avec 130 000 emplois directs et indirects, de l’alimentation animale jusqu’à la distribution, ancrant ainsi son importance dans la vitalité des territoires ruraux.

Les défis de la transition vers l’extérieur

Bien que l’élevage en bâtiment offre un certain contrôle sur les conditions sanitaires et optimise la gestion du travail, la transition vers un élevage extérieur nécessite des investissements massifs. L’installation de clôtures bio-sécurisées, pour éviter les contacts avec les sangliers, ainsi que des infrastructures pour abriter les animaux des intempéries, sont coûteuses. Pourtant, cette transition est incontournable pour répondre aux attentes des consommateurs et améliorer les conditions de vie des animaux, tout en conservant la rentabilité des exploitations.

L'agrivoltaïsme : un levier innovant

L’agrivoltaïsme apparaît comme une solution intéressante pour soutenir cette transition. En installant des panneaux solaires au-dessus des parcours extérieurs, cette technologie permet de protéger les porcs des conditions climatiques extrêmes, telles que les fortes chaleurs ou les pluies, tout en produisant de l’électricité. Les porcs, particulièrement sensibles à ces aléas, bénéficieront ainsi d’un ombrage et d’un environnement plus confortable. Ce modèle permet également aux éleveurs de réduire les coûts d’infrastructure tout en générant une source de revenus supplémentaire grâce aux loyers versés par l’énergéticien.
En plus d’offrir une protection contre les intempéries, l’agrivoltaïsme aide à rendre l’agriculture plus résiliente face au changement climatique. Les études montrent que les panneaux solaires peuvent améliorer la qualité de l’air et réduire l’évaporation de l’eau dans les sols, contribuant ainsi à des conditions de pâturage plus durables pour les porcs.

Un engagement collectif pour l’avenir

La filière porcine française s’est déjà engagée sur plusieurs fronts pour répondre aux enjeux de demain. D’ici 2035, elle ambitionne de réduire de 25 % ses émissions de gaz à effet de serre et d’ammoniac. En parallèle, des efforts sont déployés pour améliorer le bien-être animal, avec des objectifs comme la mise en liberté de 50 % des truies en bâtiment d’ici 2027. La formation des acteurs de la filière se poursuit également pour renforcer la qualité de vie au travail, un élément clé pour attirer les nouvelles générations d’éleveurs.

Conclusion

Le secteur porcin, acteur majeur de l’agriculture française, se prépare à des changements significatifs. La transition vers un élevage extérieur, soutenue par des innovations comme l’agrivoltaïsme, peut répondre aux attentes sociétales tout en offrant des opportunités de développement durable. En intégrant ces nouvelles pratiques, la filière porcine s’engage à bâtir un avenir plus responsable et résilient, tant pour les éleveurs que pour la société.