Comment assurer la protection des insectes pollinisateurs et autres auxiliaires sous les structures ?

Pollinisateur et agrivoltaïsme : comment assurer la protection des abeilles et autres insectes butineurs sous les structures ? Quelles solutions pour favoriser ces acteurs clés de la biodiversité tout en développant l’agriculture innovante ?

Cet article vous invite à explorer les pratiques et choix techniques qui permettent de concilier production agricole et préservation des pollinisateurs. Découvrez comment allier respect de la nature et performance sur vos parcelles grâce à l’agrivoltaïsme.

 

une abeille collectant le nectar d'une plante

Pourquoi les pollinisateurs sont essentiels à l’agriculture ?

 

Le rôle crucial des insectes pollinisateurs

Les pollinisateurs jouent un rôle vital dans le bon fonctionnement de l’agriculture.

Environ 75 % des cultures alimentaires dépendent directement ou indirectement de la pollinisation par les insectes. Sans eux, la production de fruits, légumes, oléagineux ou encore plantes fourragères serait gravement compromise.

En transportant le pollen de fleur en fleur, les pollinisateurs améliorent la diversité génétique, la qualité des récoltes et boostent les rendements.

Parmi ces acteurs indispensables, on retrouve :

  • les abeilles domestiques élevées dans les ruches,
  • les abeilles sauvages, souvent plus efficaces sur certaines cultures,
  • les bourdons, très actifs par temps frais ou nuageux,
  • les syrphes et papillons, parfois oubliés, mais essentiels à l’équilibre écologique.
  • les coléoptères, actifs dans la pollinisation de nombreuses plantes, notamment en milieux forestiers ou humides.

Chaque espèce a ses préférences florales, ses horaires de butinage et un rôle précis dans la chaîne alimentaire. Cette diversité garantit une pollinisation continue et résiliente, même en période de stress climatique.

 

Une biodiversité en danger

Depuis les années 1990, les populations de pollinisateurs déclinent de façon alarmante en France et ailleurs.

Les causes principales sont bien identifiées :

  • L’usage massif de pesticides et insecticides, notamment les néonicotinoïdes,
  • La disparition des habitats naturels (haies, prairies fleuries, friches agricoles),
  • Le réchauffement climatique, qui perturbe les cycles de floraison et l’activité des insectes.

Ce déclin menace directement l’agriculture. Moins de pollinisateurs signifie moins de fruits, de graines, et une plus grande vulnérabilité des cultures face aux aléas climatiques. Cela affecte aussi la qualité nutritionnelle des productions, leur résistance aux maladies et, à terme, la sécurité alimentaire humaine. Préserver les pollinisateurs est donc une priorité agricole et écologique. L’agrivoltaïsme, s’il est bien conçu, peut jouer un rôle clé dans cette stratégie, en recréant des espaces favorables à la biodiversité sous les structures.

 

gros plan d'une abeille sur le persil de vache

 

Agrivoltaïsme et pollinisateurs : une cohabitation possible ?

 

Ombre et température : des impacts à double tranchant

L’agrivoltaïsme modifie les conditions de culture, mais aussi l’environnement des pollinisateurs. Sous les structures, le microclimat évolue : plus d’ombre, moins de variation de température, une humidité parfois plus stable.

Ces changements peuvent avoir des effets positifs. Les pics de chaleur sont atténués, ce qui protège certaines fleurs sensibles au stress thermique. Cela peut aussi prolonger la période de floraison, permettant aux insectes de butiner plus longtemps. Mais tout dépend de la conception du projet. Si les structures sont trop basses ou trop denses, la lumière diminue fortement. Cela peut freiner la floraison, réduire l’attractivité des plantes et donc limiter le butinage des pollinisateurs. Une installation mal pensée peut ainsi nuire à la biodiversité au lieu de la favoriser. Un bon projet agrivoltaïque doit donc trouver le bon équilibre entre production d’énergie et maintien d’un habitat favorable aux insectes.

 

Études de terrain et résultats encourageants

Plusieurs expérimentations montrent que l’agrivoltaïsme peut bénéficier aux pollinisateurs, s’il est bien conçu.

Le projet Sun’Agri, en partenariat avec l’INRAE, a observé des résultats très prometteurs.
Dans certaines parcelles, l’activité des abeilles a augmenté de 30 % par rapport aux zones témoins. Cette hausse est liée à un meilleur confort thermique et à un allongement de la floraison. Des suivis ont également montré une bonne diversité des espèces sous les panneaux mobiles, avec une activité de butinage bien répartie dans le temps. Plusieurs agriculteurs engagés dans ces démarches témoignent d’une production de miel plus régulière, et de ruches plus actives pendant les périodes chaudes. Ces retours de terrain confirment qu’une cohabitation réussie est possible, à condition de penser les installations avec les pollinisateurs en tête.

 

Quelles pratiques pour favoriser les pollinisateurs sous les structures ?

 

Aménagements spécifiques et gestion adaptée

Pour que l’agrivoltaïsme devienne un atout pour les pollinisateurs, il ne suffit pas d’installer des panneaux. Il faut aussi penser l’environnement qui les entoure.

Certaines pratiques simples peuvent faire toute la différence.

👉 Le semis de plantes mellifères entre les rangées de cultures permet d’attirer les abeilles et autres insectes utiles. Trèfle, phacélie, sainfoin ou luzerne sont particulièrement adaptés.

👉 L’implantation de haies champêtres, de refuges à insectes ou de jachères fleuries renforce l’habitat des pollinisateurs tout au long de l’année. Ces zones servent de lieux de reproduction, de repos ou de nutrition, en dehors des périodes de floraison des cultures.

👉 Enfin, la réduction des traitements chimiques autour des structures est indispensable. Pesticides et insecticides nuisent gravement aux insectes, même à faibles doses. Privilégier les solutions mécaniques ou biologiques est une démarche cohérente avec l’esprit de l’agrivoltaïsme.

En combinant ces aménagements, on peut transformer un site agrivoltaïque en véritable réservoir de biodiversité.

 

Choix techniques favorables à la biodiversité

Les aspects techniques de l’agrivoltaïsme ont aussi un impact direct sur les pollinisateurs.

Certaines configurations sont bien plus adaptées que d’autres pour préserver la lumière, la chaleur et l’accès aux plantes fleuries.

✔️ Les structures fixes en hauteur ou les trackers solaires orientables laissent passer la lumière et facilitent la circulation de l’air. Cela évite de trop perturber les cycles naturels des fleurs et des insectes.

✔️ Un espacement suffisant entre les modules est essentiel. Il permet à la lumière de pénétrer jusqu’au sol, favorisant la croissance des plantes mellifères et des cultures attractives pour les pollinisateurs.

✔️ L’orientation des panneaux doit également être optimisée. L’objectif : ne pas bloquer totalement le rayonnement solaire sur les zones de butinage.

En pensant l’installation de manière globale, on favorise une cohabitation harmonieuse entre production d’énergie et préservation des écosystèmes. Un atout de plus pour l’agriculteur engagé dans une démarche écologique et durable.

 

pollinisateur sur une feuille

Quels bénéfices agricoles et économiques ?

 

Meilleure pollinisation = meilleurs rendements

Les pollinisateurs ne sont pas seulement des alliés de la biodiversité. En contexte d’agrivoltaïsme, leur présence peut aussi booster directement la productivité agricole.

Certaines cultures y sont particulièrement sensibles :

  • arbres fruitiers (pommiers, cerisiers, pruniers),
  • légumes comme les courgettes, melons, concombres,
  • oléagineux tels que le colza ou le tournesol.

Une pollinisation efficace se traduit par plus de fruits, mieux formés, plus homogènes. Plusieurs études montrent aussi une meilleure qualité gustative et une meilleure conservation post-récolte.

L’ombrage partiel offert par les structures agrivoltaïques peut allonger la période de floraison, surtout en été. Résultat : les insectes disposent de plus de temps pour butiner, et les rendements peuvent s’en trouver améliorés.

C’est donc un cercle vertueux : en favorisant les pollinisateurs sous les structures, on maximise le potentiel agronomique de nombreuses cultures.

 

Diversification possible avec l’apiculture

L’agrivoltaïsme peut également offrir de nouvelles opportunités économiques grâce à l’apiculture. Installer des ruches sous ou à proximité des structures permet de tirer profit des ressources florales présentes : plantes mellifères semées entre les rangs, haies, jachères, cultures florifères. La production de miel local devient alors une source de revenu complémentaire pour l’exploitation.

Ce miel peut être valorisé :

  • en vente directe à la ferme,
  • dans des circuits courts ou magasins de producteurs,
  • ou encore comme produit d’appel écologique pour renforcer l’image responsable de l’agriculteur.

C’est aussi un excellent moyen de sensibiliser le public à l’importance des pollinisateurs, tout en diversifiant les productions.

En alliant rendement agricole, apiculture et biodiversité, l’agrivoltaïsme prouve qu’il peut concilier économie et écologie sur une même parcelle.

 

 

Pollinisateur et agrivoltaïsme ne sont plus des notions opposées, mais une alliance porteuse d’avenir.

En repensant nos pratiques, l’agriculture peut conjuguer production d’énergie et préservation de la biodiversité.

Et si l’agrivoltaïsme devenait le levier clé pour protéger nos pollinisateurs tout en boostant nos récoltes ? La réponse se joue aujourd’hui, au cœur des champs et des idées.