Canicule, élevage et agrivoltaïsme : comment protéger efficacement le bétail face aux vagues de chaleur toujours plus intenses ? Quelles solutions innovantes offrent fraîcheur et confort aux animaux tout en optimisant l’exploitation agricole ? Alors que les étés se réchauffent, l’agrivoltaïsme apparaît comme une réponse moderne, alliant ombrage intelligent et production durable.
Découvrez comment cette technologie peut transformer vos pratiques d’élevage et garantir santé et performance, même sous le soleil brûlant.
Canicule et élevage : impacts et enjeux face à la hausse des températures
Des étés de plus en plus chauds en France
Les canicules en France deviennent plus longues, plus fréquentes et plus intenses. Selon Météo-France, la température moyenne estivale a augmenté de +1,7°C depuis les années 1960.
Entre 2003 et 2022, le pays a connu plus de 40 vagues de chaleur, avec un record national de 46°C à Vérargues en 2019. L’été 2022 a été le deuxième plus chaud jamais enregistré après celui de 2003. Pour les agriculteurs, cette tendance se traduit par une menace directe sur l’élevage : baisse de la qualité des pâturages, hausse des besoins en eau, stress thermique des animaux. Les rendements chutent, la santé animale se fragilise, et les pertes économiques s’aggravent chaque été.
Le stress thermique est aujourd’hui un enjeu vital pour la résilience des élevages face au dérèglement climatique.
Les conséquences du stress thermique sur les animaux
Dès que la température dépasse 25°C, les animaux d’élevage commencent à souffrir. Leur comportement change : ils mangent moins, boivent plus, cherchent l’ombre ou restent immobiles.
Chez les bovins laitiers, une température de 30°C peut entraîner une baisse de production de lait de 10 à 30 %, selon l’INRAE. Les vaches gestantes ou en lactation sont particulièrement vulnérables.
Le stress thermique provoque aussi :
- une diminution du taux de reproduction chez les bovins et ovins,
- une baisse d’immunité, exposant les troupeaux aux infections,
- une hausse de la mortalité lors des épisodes extrêmes.
Plusieurs éleveurs en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine rapportent des pertes chaque été : “On a perdu deux veaux en août à cause de la chaleur”, confie un éleveur des Pyrénées-Atlantiques. “Les vaches restent au point d’eau et ne se nourrissent plus comme avant.” Ces constats sont partagés sur tout le territoire : la canicule fragilise durablement les élevages français.
Pourquoi l’élevage a besoin d’ombre et de fraîcheur en période de canicule
Les besoins thermiques des animaux d’élevage
Les animaux d’élevage sont très sensibles aux variations de température, en particulier lors des épisodes de canicule. Chaque espèce a un seuil thermique à ne pas dépasser :
- Bovins : seuil critique autour de 25°C à 26°C
- Ovins et caprins : seuil de confort entre 15°C et 22°C
- Volaille : très sensible au-delà de 28°C
Lorsque la température dépasse ces seuils, les animaux cherchent instinctivement à se réfugier à l’ombre, réduisent leur activité physique et leur ingestion d’aliments. Ce comportement d’autoprotection contre la chaleur limite fortement leur productivité. La ventilation naturelle, associée à des zones d’ombre, est essentielle pour maintenir un bon confort thermique animal. L’ombre réduit le rayonnement solaire direct, tandis que la circulation d’air aide à réguler la température corporelle.
Offrir aux animaux des conditions climatiques supportables devient un enjeu majeur pour préserver leur bien-être, leur santé et leurs performances en période estivale.
Les limites des solutions traditionnelles
Pour lutter contre la chaleur, de nombreuses exploitations utilisent :
- des haies brise-soleil,
- des abris fixes en bois ou en tôle,
- ou encore des bâtiments semi-ouverts.
Mais ces solutions présentent plusieurs limites :
- Leur efficacité reste localisée et ne couvre qu’une partie du cheptel.
- Leur coût d’installation est élevé, surtout pour les structures durables.
- Elles ne sont pas toujours adaptées aux zones de pâturage extensif, où les animaux se déplacent sur de grandes surfaces.
En plein champ, l’absence de couverture naturelle ou artificielle expose le bétail à des températures extrêmes pendant plusieurs heures. Même les haies mettent des années à croître avant d’offrir une ombre suffisante. Dans ce contexte, les solutions innovantes comme l’agrivoltaïsme en élevage offrent une réponse adaptée, souple et plus performante pour protéger les troupeaux en période de canicule.
Agrivoltaïsme et élevage : une solution innovante pour protéger le bétail
Des ombrières solaires adaptées à l’élevage
L’agrivoltaïsme en élevage permet d’installer des structures solaires en hauteur, conçues pour cohabiter avec les animaux.
Ces ombrières solaires peuvent être :
- Fixes, avec une hauteur de 3 à 5 mètres pour permettre le passage des animaux et du matériel,
- Mobiles ou orientables, comme les trackers solaires qui suivent la course du soleil pour optimiser la production énergétique.
Ces trackers sont particulièrement adaptés aux pâturages extensifs, car ils peuvent ajuster leur inclinaison en fonction de la météo. Lors des pics de chaleur, ils offrent plus d’ombre au sol, réduisant l’exposition directe des animaux. Ces installations sont sécurisées, sans câbles au sol, ni composants dangereux pour les troupeaux. Certaines exploitations les utilisent déjà avec succès pour des bovins, ovins et caprins.
Amélioration du confort thermique grâce aux ombrières
Les bénéfices des ombrières agrivoltaïques sur le confort thermique des animaux sont désormais bien documentés.
Selon une étude conjointe de l’INRAE et de Sun’Agri, ces installations permettent de :
- Réduire la température au sol de 3°C à 6°C pendant les heures les plus chaudes,
- Maintenir un taux d’humidité plus stable sous les panneaux,
- Favoriser la circulation naturelle de l’air grâce à la hauteur et à la disposition des structures.
Cette régulation microclimatique a un effet immédiat sur le comportement du bétail : les animaux passent plus de temps à l’ombre, continuent de s’alimenter et se déplacent avec plus de confort.
Moins de stress, plus d’activité, et une meilleure résilience face aux vagues de chaleur : l’agrivoltaïsme devient un outil stratégique pour maintenir le bien-être animal en période de canicule.
Les bénéfices concrets de l’agrivoltaïsme pour les éleveurs en période de chaleur
Meilleure santé et bien-être animal
L’agrivoltaïsme en élevage améliore directement la santé et le bien-être du bétail, en particulier lors des périodes de canicule.
Grâce à la réduction du stress thermique, les animaux :
- restent plus actifs en journée,
- conservent un comportement alimentaire normal,
- présentent une meilleure fertilité.
Les éleveurs constatent également une baisse significative des traitements vétérinaires liés aux coups de chaleur ou aux infections. Les pathologies digestives, respiratoires ou reproductives diminuent nettement sous les ombrières.
“Depuis qu’on a les ombrières, les vaches ne fuient plus le soleil, elles ruminent tranquillement à l’ombre. On a aussi moins de mammites en été”, rapporte un éleveur laitier dans l’Hérault.
Ces améliorations concrètes renforcent la qualité de vie des animaux et facilitent la gestion quotidienne du troupeau, même en plein été.
Maintien de la productivité en été
L’un des atouts majeurs de l’agrivoltaïsme pour l’élevage est le maintien de la productivité pendant les périodes chaudes, là où les rendements chutent habituellement.
Avec une meilleure régulation thermique, les résultats sont tangibles :
- la production laitière reste stable, même lors des pics de chaleur,
- la croissance des jeunes animaux n’est plus pénalisée par la perte d’appétit,
- les coûts liés à l’eau, l’alimentation d’appoint ou les soins diminuent sensiblement.
En limitant les pertes hydriques par transpiration et en réduisant le stress, les besoins en eau peuvent baisser de 10 à 20 % selon les conditions locales.
En résumé, l’agrivoltaïsme permet de passer les canicules sans pertes, tout en rendant le système d’élevage plus sobre et plus résilient.
Agrivoltaïsme en élevage : réglementation, études de faisabilité et accompagnement
Réglementation et intégration paysagère
Les projets d’agrivoltaïsme en élevage sont soumis à un encadrement réglementaire strict, pour garantir leur compatibilité avec l’activité agricole. Depuis la loi APER (2023), les projets doivent démontrer une plus-value agronomique réelle, notamment en matière de confort thermique et de continuité du pâturage.
Les installations doivent :
- permettre la libre circulation du bétail,
- ne pas entraver les pratiques d’élevage extensif,
- respecter les documents d’urbanisme locaux (PLU, zones agricoles protégées…).
L’intégration paysagère est également un point de vigilance. Les structures doivent s’insérer harmonieusement dans le milieu rural sans dénaturer les vues, les reliefs ni gêner la faune locale. Des études d’impact paysager sont souvent requises avant l’obtention d’un permis de construire.
Études de faisabilité et accompagnement
Avant tout projet, il est indispensable de réaliser un diagnostic technique approfondi. Celui-ci analyse :
- les besoins spécifiques des animaux (espèce, sensibilité thermique, cycle de vie),
- la typologie des pâturages (surface, accès à l’eau, nature du sol),
- la mobilité du troupeau et les contraintes liées à l’exploitation.
Ce travail de faisabilité permet de définir un système agrivoltaïque sur-mesure, respectant les logiques agronomiques et le bien-être animal.
Plusieurs acteurs peuvent accompagner les éleveurs :
- l’INRAE, pour les références scientifiques et les protocoles d’expérimentation,
- les Chambres d’agriculture, qui aident à structurer les projets,
- les opérateurs solaires spécialisés, qui conçoivent des ombrières adaptées à l’élevage (hauteur, orientation, accès, sécurité…).
En étant bien entouré, un éleveur peut construire un projet rentable, durable et accepté localement, tout en répondant aux enjeux de canicule et d’adaptation climatique en élevage.
Pour réussir votre projet agrivoltaïque en élevage, n’hésitez pas à consulter les experts locaux et à réaliser un diagnostic personnalisé.
Canicule et élevage : l’agrivoltaïsme est une solution qui va bien au-delà de l’ombre. Elle transforme le confort animal, soutient la productivité et favorise une agriculture durable. Face à des étés toujours plus chauds, cette innovation invite à repenser les pratiques pour des élevages résilients. L’enjeu est clair : protéger le bétail tout en intégrant harmonieusement l’innovation technologique, pour un avenir agricole responsable et rentable.